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Des enfants jouant dans une crèche.
Un syndicat alerte sur l'usure physique et mentale des professionnelles de la petite enfance, majoritairement des femmes, avec des chiffres édifiants : 5 000 tonnes portées en carrière, un million d'accroupissements et 56 000 heures de bruit.
Le rapport choc du Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE), intitulé « Les Gestes Invisibles » et publié mercredi 3 décembre met en lumière la dure réalité des métiers en crèche, exercés à 97 % par des femmes.
Le syndicat appelle à une action immédiate des pouvoirs publics pour reconnaître l'usure accélérée des corps et des esprits dans un secteur largement en crise.
Des chiffres chocs pour une profession éprouvante
Selon le livret du SNPPE, les professionnelles effectuent en moyenne 70 manipulations d'enfants par jour, soit 840 kg soulevés quotidiennement, cumulant plus de 5 000 tonnes sur une carrière de 30 ans. À cela s'ajoutent 300 tonnes de matériel manipulé et entre 700 000 et un million d'accroupissements ou flexions, des gestes répétitifs identifiés comme facteurs majeurs de troubles musculo-squelettiques (TMS) par les ergonomes.
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L'exposition au bruit dépasse souvent 85 dB, totalisant 56 000 heures en carrière, affectant l'audition, la concentration et la disponibilité émotionnelle. Ces conditions entraînent une hausse alarmante de +44 % des maladies professionnelles en un an, selon les données des CARSAT, avec des lombalgies, tendinites et sciatiques prédominantes.
Le syndicat dénonce « l'invisibilisation » de cette pénibilité, banalisée comme une « posture maternelle », et pointe du doigt les dispositifs actuels comme le Compte Professionnel de Prévention (C2P), conçus pour des métiers masculinisés comme le BTP, qui ignorent les gestes fragmentés à hauteur d'enfant. « Les critères du compte professionnel de pénibilité correspondent à des métiers plutôt d'extérieur et masculins », souligne Cyrille Godfroy, co-secrétaire général du SNPPE.
Le syndicat a alerté les pouvoirs public et espère être reçu par le Premier ministre pour évoquer le problème.
Le SNPPE alerte les pouvoirs publics sur l'usure professionnelle dans les métiers de la petite enfance.
Ns avons publié une lettre ouverte au 1er ministre rappelant l'urgence de reconnaître la pénibilité réelle des professionnelles. Sans réponse à ce jour. t.co pic.twitter.com/fkA26hFot7- SandrAllégatièreφ 🐺 (@SAllegatiere) December 3, 2025
Le SNPPE formule des demandes précises : intégrer la petite enfance dans le compte professionnel de prévention dit « C2P », financer des aménagements ergonomiques, déployer un plan national de prévention des TMS, garantir des effectifs suffisants et assurer un suivi médical renforcé.
Selon le syndicat, faute de telles mesures, des carrières se brisent prématurément, souvent avant 55 ans, avec des reconversions difficiles.